La Russie est entrée dans une époque où le travail de défense des droits humains est de plus en plus perçu par l’État non comme un bien public, mais comme un prétexte à l’accusation — non pas « défendre le droit », mais « activité suspecte ». L’histoire de l’avocat et défenseur des droits humains de l’Oural Alexeï Sokolov montre cette logique presque à visage découvert.
Sokolov a été placé en détention provisoire, et le récit public contient un paradoxe : le “danger” ne serait pas ce qui se passe dans le système pénitentiaire, mais le fait que quelqu’un en parle. Dans la formulation de l’accusation, c’est d’un cynisme brutal : « Il a parlé à des organisations étrangères de violations des droits humains » — et cela est présenté comme une “menace pour la sécurité de l’État”.
Selon Sokolov, l’enquête estime qu’il a « mis en danger la sécurité de l’État en parlant de tortures et de violations des droits humains dans le système du FSIN, “y compris à des organisations étrangères” ». Dans un État de droit, on enquête sur la torture ; ici, on enquête sur celui qui parle de la torture. C’est ainsi qu’on construit une nouvelle échelle de la “culpabilité”.
Premier niveau : tu fais de la défense des droits et tu deviens indésirable. Deuxième niveau : tu refuses de te taire et tu documentes publiquement. Troisième niveau : tu informes des instances internationales, et cela est présenté comme une action “contre l’État”. Le défenseur devient “ennemi”, le témoin devient “traître”.
Un autre élément est la pression via l’entourage : Sokolov affirme que ses collègues servent de levier — comme des otages — pour le contraindre à arrêter. Il souligne qu’il ne reconnaît pas sa culpabilité et qualifie son activité de légale :
« J’exerçais une activité légale, prévue par la Constitution de la Fédération de Russie, les lois fédérales et la Charte des Nations unies. »
C’est pourquoi beaucoup évoquent 1937 — non comme une copie littérale, mais comme un principe reconnaissable : lorsque l’État cherche moins à stopper les abus qu’à punir ceux qui en parlent, et à faire taire les autres.
Source : chaîne Telegram « SOTAvision ». Telegram