Conférence de presse 30 octobre 2023

L’Institut Andreï Sakharov a été fondé à Paris par Lev Ponomarev, opposant politique russe et éminent défenseur des droits humains.

Conférence de presse 30 octobre 2023

06/11/2023 Droits humains Без рубрики 0

Lundi 30 octobre pour la journée de « Commémoration des victimes de la répression politique en Russie », l’Institut Andreï Sakharov, Amnesty International France, avec le soutien de l’association Russie-Libertés ont organisé une conférence de presse. 

La conférence de presse était consacrée à trois thèmes :

  • Répression politique croissante en Russie et sort tragique des prisonniers d’opinion. 
  • Comment l’Europe et la société occidentale peuvent aider les prisonniers politiques en Russie ?
  • La société civile en Russie et les élections présidentielles de 2024 

Selon les données de l’organisation de défense de droits humains « Mémorial » on compte en Russie plus de 1000 personnes qui sont persécutées pour des raisons politiques. 

Ce sont les chiffres du début du mois d’octobre. 

Depuis, il y a eu plusieurs autres cas, notamment les trois avocats de Navalny ont été arrêtés et Oleg Orlov– militant de droit humains a été condamné à une amende pour avoir « discrédité de manière répétée l’armée russe » en raison d’un post sur Facebook. 

Le 4 mars 2022, quelques jours après l’invasion de l’Ukraine, Poutine a signé une loi criminalisant les « fausses informations sur l’armée» ou les « fake news» sur les actions de l’armée russe dans le cadre de ce qu’on doit appeler « l’opération spéciale » et non « la guerre ».

Conformément à cette loi, « fausse » désigne toute information véridique sur les crimes de l’armée russe qui contredisent la propagande officielle. 

La première infraction de cette loi entraîne une responsabilité administrative, et une infraction répétée entraîne une responsabilité pénale sous la forme d’une amende et d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans.

Si la « fausse information » a été répandue en groupe ou s’est accompagnée d’une falsification de preuves, la peine maximale passe à 10 ans de prison (c’est plus que pour un meurtre). 

Selon OVD-info, ( organisation non gouvernementale indépendante russe de droits humains) 146 personnes sont poursuivies en vertu de la loi sur les « fake news » et une quarantaine de personnes sont condamnées pour « discréditation de l’armée russe » ( on n’a pas le droit de prononcer le mot «guerre » il faut dire : « l’opération spéciale ») 

Voici quelques exemples de situations où la vie des prisonniers est directement menacée :

GORINOV Alexey, né en 1961

Député municipal d’un des districts de Moscou. ( district Krasnoselski)

Militant du mouvement démocratique « Solidarité ». 

Condamné à 7 ans de prison pour avoir diffusé de « fausses informations basées sur la haine politique en utilisant sa position officielle en tant que membre d’un groupe »

Lors d’une réunion du Conseil des députés, Gorinov a déclaré qu’il était inapproprié d’organiser un concours de dessins d’enfants le 1er juin, alors que des enfants et des adultes sont tués sur le territoire d’un État voisin. 

C’était la première condamnation aussi monstrueuse pour « fausses informations sur l’armée».

Alexey Gorinov souffre d’un bronchite chronique et a subi une importante opération avant d’être arrêté, il lui manque la moitié d’un poumon. 

Les conditions de vie dans une pièce humide et froide menacent réellement sa vie.

SKOCHILENKO Alexandra (Sasha), née en 1990 

Artiste et musicienne. Accusée d’avoir diffusé de « fausses informations sur l’armée» pour avoir affiché des informations sur les crimes de l’armée russe sur les étiquettes de prix dans les supermarchés. 

Elle est en détention depuis le 11 avril 2022. 

Selon la législation de la Fédération de Russie, les maladies chroniques dont souffre Alexandra constituent une contre-indication à l’emprisonnement.   

Les opposants politiques de Poutine – Ilya YACHINVladimir KARA-MURZA et d’autres – se trouvent également en prison, accusés de « discréditation de l’armée russe » 

Vladimir KARA-MURZA né en 1981

Homme politique, journaliste, cinéaste.

Il présente également des contre-indications de santé liées à une tentative d’empoisonnement et pourtant il a été condamné à une peine monstrueuse de 25 ans de prison pour « haute trahison », en raison de sa critique publique de l’invasion russe de l’Ukraine et pour la diffusion de «fausses informations sur l’armée » 

Ces personnes ne doivent pas être oubliées ! 

Pour en faire des exemples, les autorités russe sont très cruelles envers les personnes persécutées pour des raisons politiques. 

Pour résister, en tant que personnes qui avons la chance d’être aujourd’hui en liberté et /ou de vivre dans des pays démocratiques (même en exil), nous avons le devoir de parler de ces répressions, des punitions que subissent femmes et hommes en Russie, pour avoir dénoncé l’invasion de l’Ukraine et pour avoir exprimé ses opinions ou exercé ses droits et libertés fondamentales.

Il faut parler également de leurs conditions de détention, telles que : l’usage régulier d’une cellule d’isolement dans les colonies pénitentiaires, (comme dans le cas de Gorinov), l’interdiction de recevoir des colis, l’interdiction de rencontrer la famille, l’interdiction de soins médicaux. 

Il est nécessaire de diffuser des informations sur la torture qu’ils doivent endurer dans le centre de détention provisoire et dans les lieux où ils purgent leur peine et même pendant le procès, comme c’est le cas pour Sasha.

Tout le monde sait qu’en Russie les tribunaux sont absolument soumis aux autorités.

Le monde entier a pu voir le fonctionnement du système judiciaire en Russie, en observant le procès d’Alexeï NAVALNY. Il a été jugé et condamné par un tribunal itinérant, comme dans la Russie stalinienne des années 30. 

La particularité du système judiciaire russe est que les juges n’examinent ni n’étudient les dossiers. 

Ils reproduisent le rapport de la commission d’enquête, qui, à son tour, copie les soi-disant examens des experts. 

Les experts qui les rédigent sont des personnes très peu cultivées, absolument non professionnelles, « venues de l’extérieur », travaillant pour les autorités. 

Ainsi, par exemple, dans le cas d’Oleg Orlov, « l’examen médico-légal linguistique » a été réalisé par une professeure de mathématiques et un traducteur d’anglais et d’allemand, connus comme des « experts » dans toutes les affaires politiques importantes en Russie. Ils sont régulièrement utilisés par les tribunaux, en tant que linguistes, sexologues ou spécialistes en théologie et anthropologues sociaux.

Aujourd’hui les victimes de la répression politique sont également les conscrits militaires et les militaires envoyés de force sur le front de la guerre en Ukraine. 

La fraude à la conscription est passible d’une amende de 200 000 roubles et de 2 ans de travaux forcés

Les déserteurs risquent une peine de prison, généralement de 7 à 10 ans.

Comment et pourquoi les hommes politiques et la société occidentale peuvent-ils aider les prisonniers politiques en Russie ?

Tout d’abord, les pays occidentaux peuvent apporter leur aide en faisant de la diffusion de l’information, en parlant et en écrivant sur la répression politique et les prisonniers d’opinion en Russie.

Il est très important qu’on sache qu’en Russie la société civile existe réellement et qu’elle est active. Le nombre de prisonniers politique augmente de 1 à 2 personnes par jour.

Si un jour commencent les négociations avec la Russie l’une des premières exigences devrait être la libération des prisonniers d’opinion et leur échange contre des espions russes détenus en occident. 

Le groupe d’initiative du mouvement Sakharov a déjà envoyé deux lettres aux membres du Parlement européen avec une proposition d’entamer le processus d’échange de prisonniers politiques russes contre des « propagandistes, agents de renseignement et autres personnes travaillant pour le régime Poutine » détenus en Europe.

De nombreux prisonniers politiques sont en danger.  

C’est pourquoi il faut mettre en place le plus rapidement possible tous les moyens pour faciliter l’échange de prisonniers. 

Nous devons en parler à la première occasion, lors de toutes les réunions et négociations officielles. 

Il est nécessaire également de maintenir les sanctions contre les hauts fonctionnaires russes, les membres de l’administration de Poutine et d’autres personnes travaillant pour lui.

Pourquoi est-ce important pour l’Occident ? Parce que la libération des prisonniers politiques est le seul moyen de transformer la Russie en un État démocratique.

Parce que la Russie démocratique est une condition de la paix en Europe. 

Et parce que la Russie démocratique doit un jour faire partie de l’Europe et coopérer avec les États européens démocratiques. 

La société civile en Russie et les élections présidentielles.

En mars 2024, Vladimir Poutine se présentera à la « réélection », des élections, dites « présidentielles ».

Comme prévu, elles seront largement falsifiées.

Les élections restent néanmoins une forme légitime de protestation en Russie. 

Les élections offrent aux Russes la possibilité de rester des citoyens. 

Les élections peuvent consolider la résistance civile grâce à la mobilisation citoyenne et à la campagne publique légale visant à voter contre Poutine. 

Aujourd’hui, toute l’autorité de Poutine repose sur le mythe du soutien total de la société russe.

Plusieurs mois de préparation des élections et les élections elles-mêmes sont l’occasion de prouver le contraire. 

Boycotter les élections, ne servira à rien. Et ce n’est pas acceptable. 

Car les élections restent l’un des rares, et peut-être même, le seul moyen de changer la situation et de causer le plus de dégâts possibles à Poutine. 

La majorité des représentants de l’opposition russe se sont réunis récemment à Berlin lors de la conférence du Comité anti-guerre pour discuter cette stratégie. 

Même si Poutine reste au pouvoir, les élections pourraient affecter sa position aux yeux de l’élite politique russe. 

Il est fort probable qu’une grande partie de l’entourage de Poutine soit orientée vers l’Occident. 

Les sanctions et les saisies de leurs biens immobiliers ou de leurs comptes bancaires ont déjà influencé l’attitude à l’égard du président de certains responsables russes.

On sait que 60 % des fonctionnaires russes passent leurs vacances à l’étranger et possèdent des biens immobiliers dans les pays de l’OTAN.

Une stratégie, un programme d’actions et des préparatifs pour la campagne électorale sont actuellement en train d’être élaborés par l’opposition en Russie et à l’étranger.

 

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