Il est depuis longtemps connu qu’en Russie, une pratique de répression extrajudiciaire est appliquée à l’encontre de ses propres militaires, notamment à travers ce que l’on appelle des « fosses de torture » — des lieux de détention illégale où les soldats jugés indésirables sont maintenus dans des conditions inhumaines. Les personnes y sont traitées comme des animaux : sans aucune formalisation de la détention, sans conditions sanitaires élémentaires, sans possibilité de satisfaire des besoins physiologiques de base, y compris dans le froid, et en étant régulièrement battues et humiliées. Ces faits sont de nature systémique et sont confirmés par de nombreux témoignages de proches des victimes.
Dans de nombreux cas, ces tortures se terminent par la mort des militaires. Au sein de l’armée russe, le terme « obnuleniye » (« remise à zéro ») est utilisé pour désigner ces exécutions extrajudiciaires — un euphémisme servant à masquer l’élimination physique d’une personne sans enquête, sans procès et sans aucune procédure légale. Ces meurtres deviennent un moyen de « régler le problème » des personnes jugées indésirables, de celles qui refusent d’exécuter des ordres ou tentent de faire valoir leurs droits.
L’un de ces cas documentés concerne le militaire Alexandre Grigorievitch Spalata, né le 6 mars 1997, servant dans le 428ᵉ régiment de fusiliers motorisés (unité militaire n° 41867). Sa mère a signalé des menaces, une détention illégale et un danger réel pour la vie de son fils.
Selon elle, plusieurs semaines auparavant, Alexandre a téléphoné pour dire qu’il avait été retiré de la zone de combat et placé dans une soi-disant « fosse », où il était détenu sans aucun statut juridique. Dans ces conditions, il subissait régulièrement des violences physiques. Lors d’une conversation, il a déclaré explicitement que le commandement avait l’intention de se débarrasser de lui.
« Il m’a dit que le commandement comptait se débarrasser de lui. À l’heure actuelle, mon fils n’est plus en contact, et je crains pour sa vie et sa santé. »
La mère du militaire a également rapporté les propos de son fils concernant des menaces directes de la part du commandement :
« Par mon fils, j’ai appris que le commandement de l’unité l’accuse de faits qu’il n’a pas commis, qu’il use de violence physique à son encontre et qu’il menace de le “remettre à zéro”. »
Le 21 novembre 2024, la femme, accompagnée d’un avocat, a déposé une plainte officielle auprès du 121ᵉ département militaire d’enquête du Comité d’enquête de la Fédération de Russie à Donetsk (RPD). Selon elle, les responsables ont promis de faire venir son fils dans les heures qui suivaient, mais cela ne s’est jamais produit. Aucune information fiable sur son lieu de détention ne lui a été communiquée.
De retour chez elle, elle appelait chaque jour le service d’enquête, mais ne recevait que des réponses formelles et des promesses de « vérifier » et de rappeler.
« Je les appelle tous les jours et je demande : avez-vous convoqué mon fils, avez-vous enquêté ? <…> Et depuis le 26 novembre jusqu’à aujourd’hui, mon fils n’a pas été convoqué, rien n’a été fait, personne n’a été interrogé, et j’en viens même à me demander s’il est encore en vie. »
La mère du militaire a vivement critiqué l’inaction des responsables et a dénoncé la négligence et l’indifférence inhumaine des représentants des organes d’enquête, qui ont de fait ignoré les signalements de torture, de détention illégale et de menaces contre la vie.
« Aidez-moi, s’il vous plaît, si quelqu’un peut m’aider d’une quelconque manière. <…> Une mère a fait tout ce chemin depuis une ville de la région de Saratov jusqu’à Donetsk, et voilà comment on la traite. »
Ce cas constitue une nouvelle confirmation que la pratique de la détention illégale, de la torture et des exécutions extrajudiciaires de ses propres militaires en Russie n’est pas une exception, mais fait partie d’un système enraciné dans lequel la vie humaine est considérée comme jetable.
Source : chaîne Telegram « NE ZHDI Bonnes nouvelles » — https://t.me/ne_zhdi_novosti/4507