En décembre commence le travail substantiel de la Plateforme de l’opposition russe à l’APCE. Nous nous permettons de proposer aux participants de la plateforme un certain nombre d’idées. Nous suggérons que les thèmes suivants ne soient pas laissés de côté dans les travaux de la plateforme :
• Promotion des valeurs démocratiques et d’un agenda anti-guerre à l’intérieur de la Russie.
• Coordination du rôle de l’opposition russe dans les actions visant à mettre fin à la guerre en Ukraine.
• Discussion de l’état et des perspectives de préservation de la démocratie libérale dans les pays de l’UE, compte tenu de la menace de résurgence des régimes autoritaires que l’on observe aujourd’hui dans plusieurs États membres de l’Union.
Une question se pose : quel rapport la Plateforme russe entretient-elle avec cela ? Le fait est que les représentants de l’opposition russe sont des témoins directs de la manière dont la Russie, dans les années 1990, s’est engagée sur la voie de la démocratie libérale et, malgré de nombreux obstacles, a continué à avancer dans cette direction jusqu’au début du XXIᵉ siècle. Cependant, au cours des 25 dernières années, la démocratie libérale en Russie a été en pratique évincée par une dictature corrompue. Les Russes comprennent bien quelles erreurs ont été commises et comment elles ont conduit à l’établissement du pouvoir absolu de Poutine et à son agression militaire contre l’Ukraine.
En analysant la situation actuelle, nous comprenons que l’influence de l’Europe sur une éventuelle démocratisation de la Russie dépend fortement de la capacité de l’Europe elle-même à rester suffisamment forte (tout en conservant ses fondements démocratiques). Ce n’est qu’ainsi qu’elle pourra exercer son influence le plus efficacement possible lorsque surgira l’occasion de peser sur le choix de la Russie.
Malheureusement, la situation actuelle — économique, sociale et par conséquent politique — ne permet pas de parler d’une influence efficace de l’Europe sur la situation en Russie, ni même de sa disponibilité à agir selon un plan optimal si une telle occasion se présentait (par exemple, si des efforts des États-Unis créaient les conditions objectives d’un accord de paix).
À propos du traité de paix.
Невозможно точно предсказать, когда — или даже прекратятся ли вообще — боевые действия. Более того, возможно, это не произойдет в течение следующего года.
Важнейшими темами мирных переговоров должны стать, шаг за шагом, обмен военнопленными, освобождение всех гражданских лиц и, наконец, освобождение всех политических заключенных в России. Только после этого следует ослабить санкции против России.
Les événements actuels laissent supposer qu’une tentative est faite au niveau international d’imposer une position préalablement coordonnée entre Trump et Poutine, en ignorant les intérêts de l’Ukraine et des pays européens. Si un tel scénario se réalise, les deux dirigeants pourraient poursuivre la formation d’un nouveau système de sécurité mondiale — une « nouvelle Yalta », comme l’ont déjà noté plusieurs analystes politiques.
Jusqu’à présent, la sécurité internationale s’appuyait sur le système élaboré par l’ONU et fondé sur la Déclaration des droits de l’homme et le principe de l’État de droit. Pourtant, ce qui se passe aujourd’hui montre presque quotidiennement que la pratique politique de Trump et de Poutine repose consciemment sur le “droit du plus fort”. On peut donc s’attendre à une collusion entre des États gouvernés par des « chefs » autoritaires, afin de diviser le monde en « sphères de responsabilité » et de les diriger depuis une position de force.
Si le plan de Poutine et de Trump l’emporte lors des négociations de paix (contre la position de l’UE et de l’Ukraine), les partis d’extrême droite européens recevront un soutien électoral supplémentaire, ce qui pourrait leur permettre d’obtenir une position dominante lors de futures élections dans certains pays. Il est évident que cette question doit elle aussi susciter une sérieuse préoccupation et être discutée au sein de l’APCE. D’autant plus que l’espace public voit se multiplier les prévisions selon lesquelles, dans un an ou deux, un parti d’extrême droite — l’Alternative pour l’Allemagne — pourrait accéder au pouvoir en Allemagne. L’un de ses dirigeants a déjà déclaré la nécessité de « revoir les résultats de la Seconde Guerre mondiale », qualifié le Mémorial de l’Holocauste de « monument de la honte », et appelé à un « virage à 180° » dans la politique de la mémoire.
Nous proposons de discuter, lors de la prochaine réunion de la Plateforme russe à l’APCE, de la possibilité de soumettre toutes ces questions à la prochaine session de l’APCE, avec la participation de politiciens et de défenseurs des droits humains russes vivant à l’étranger.
Лев Пономарев, президент Института Андрея Сахарова;
Николай Кобляков, Президент «России Свободы»
P.S.
Les arguments étayant ces thèses sont exposés dans les récentes publications « Sauver la démocratie libérale — sauver la civilisation » et « On ne peut pas se passer du paragraphe 29 ».